NOTES
Même information et même analogie dans Guizot : « Un voyageur indigné a, par un quatrain inscrit dans l’Album de l’église de Stratford, appelé la malédiction du poëte sur le profanateur qui badigeonna son tombeau comme il gâta ses pièces. Sans adhérer absolument aux dures expressions d’une légitime colère, on ne peut s’empêcher de sourire en retrouvant dans la couche de blanc de M. Malone un symbole de l’esprit qui a guidé ses commentaires. » (ouvrage cité, p. CXII.)
L'évocation de la disparition de Shakespere par Chateaubriand fait ressortir le refus de Hugo de tout lyrisme: « Né le 23 avril 1564, ce même jour, 23 avril, qui l'avait amené devant les hommes, le vint chercher, en 1616, pour le conduire devant Dieu. Enterré sous une dalle de l'église de Stratford, il eut une statue, assise dans une niche comme un saint, peinte en noir et en écarlate, repeinte par le grand-père de mistress Siddon, et rebarbouillée de plâtre par Malone. Une crevasse se forma, il y a plusieurs années, dans le sépulcre; le marguillier de surveillance ne découvrit ni ossemens ni cercueil: il aperçut de la poussière, et l'on a dit que c'était quelque chose que d'avoir vu la poussière de Shakespeare. Le poète, dans une épitaphe, défendait de toucher à ses cendres: ami du repos, du silence et de l'obscurité, il se mettait en garde contre le mouvement, le bruit et l'éclat de son avenir. Voici donc toute la vie et toute la mort de cet immortel: une maison dans un hameau, un mûrier, la lanterne avec laquelle l'auteur-acteur jouait le rôle de frère Laurence dans Roméo et Juliette, une grossière effigie villageoise, une tombe entr'ouverte.
Castrell, ministre protestant, acheta la maison de Newplace; l'ecclésiastique bourru, importuné du pèlerinage des dévots à la mémoire du grand homme, abattit le mûrier; plus tard il fit raser la maison, dont il vendit les matériaux. En 1740, des Anglaises élevèrent à Shakespeare, dans Westminster, un monument de marbre; elles honorèrent ainsi le poète qui tant aima les femmes, et qui avait dit dans Cymbeline: "L'Angleterre est un nid de cygnes au milieu d'un vaste étang." » (ouvrage cité, p. 315-316.)